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Jean Tinguely était comme l`une de ses machines farfelues, qui s`est détruite elle-même devant les yeux des spectateurs: une étape importante de l`histoire de l`art moderne - et un provocateur nonchalant, qui a presque causé sa propre ruine du fait de son énergie sans limites. Mais de son vivant, Tinguely ignorait surtout toutes les conventions - non seulement dans son travail, mais aussi à titre privé, de manière anar-chique, jouissive et sans égards pour les pertes.
Un exploit succédant à l`autre, le film de la carrière exemplaire de Tinguely, qui a fait de l’ancienne terreur des bourgeois un héros populaire vers la fin de sa vie - ou en d`autres terme, comme le disait sar-castiquement sa compagne Niki de Saint Phalle, « le roi des Suisses ». Le film illustre avec entrain la manière dont Tinguely a connu la gloire et les honneurs justement dans sa patrie, qui lui avait refusé son estime pendant si longtemps. Ainsi, il n`évoque pas seulement le souvenir d’une oeuvre exceptionnelle, qui est, ironie du sort, menacée aujourd`hui d`immobilité, il jette encore de manière extrêmement divertissante un coup d`oeil rétrospectif sur un morceau de l`histoire du temps et de la mentalité suisses. Mais surtout c`est l`homme derrière la légende de Tinguely qui devient palpable: un regard tantôt serein, tantôt mélan-colique, sur une vie mouvementée- associée à l`invitation d`oser repartir chaque jour à zéro, car: l`immobilité n`existe pas.